
Entendre, c’est aussi ressentir
Ma vision du travail sonore
Pour moi, le son n’est pas un simple accompagnement. Il est aussi essentiel que le récit lui-même. Il ne sert pas seulement à illustrer : il dialogue avec le propos, il l’amplifie, parfois même il le précède. Le son, c’est une manière d’exister, de s’exprimer, de prendre sa place dans l’espace narratif.
Travailler le son, c’est chercher une voix. Une voix singulière, qui peut être douce, percutante, menaçante ou rêveuse. Une voix qui traverse le récit, le colore, le transforme. Le son peut emporter. Il peut, à lui seul, suffire. Il peut raconter sans mots, transmettre sans explication, créer des images là où il n’y en a pas.
Je vois le travail sonore comme un art à part entière, qui, au-delà du décor ou de l’ambiance, devient un vecteur de sens. Il a sa propre grammaire, son propre rythme. Il peut être silence, souffle, chaos ou harmonie. Et dans cette liberté-là, il devient puissant.
Cette approche du son trouve une résonance particulière dans la multidiffusion. Que ce soit pour une pièce de théâtre ou un projet chorégraphique, j’aime penser l’espace sonore comme un terrain de jeu immersif. En plaçant stratégiquement les enceintes dans un théâtre, je peux créer des zones, des trajectoires, des illusions.
Le spectateur n’écoute plus seulement, il ressent le son. Il peut entendre une porte grincer au loin, puis sentir la pluie tomber au-dessus de sa tête, percevoir un souffle de vent derrière lui…
Le son devient mouvement, déplacement, présence invisible mais tangible. Il envahit l’espace, le redessine, et finit parfois par s’imposer sans qu’on en ait conscience.
C’est une manière de faire voyager le spectateur, de l’entourer, de le surprendre, voire de le désorienter, pour l’inviter à ressentir autrement.
Et quand l’écoute se fait au casque pour du podcast ou autre expérience sonore, l’immersion prend une dimension encore plus intime, presque organique. Le son s’insinue directement dans l’oreille, contourne les filtres, vient frôler l’imaginaire. On entre dans un espace intérieur, clos mais infini, où chaque détail sonore prend de l’ampleur. Le casque permet cette proximité, cette précision, qui transforme l’écoute en expérience sensorielle totale.